Le 7 mai, tout le Royaume-Uni est invité à se
rendre aux urnes pour les élections générales. Les électeurs doivent choisir leur député et, par ce vote, déterminer la couleur politique du prochain
parlement. Le prochain premier ministre, selon toute vraisemblance l’actuel
premier ministre David Cameron du parti conservateur, ou le chef de
l’opposition travailliste Ed Miliband du parti travailliste, devrait être issu
du parti majoritaire.
Qui vote ?
C’est là une originalité méconnue du corps
électoral britannique. Tout comme les citoyens britanniques, les ressortissants du Commonwealth et d'Irlande peuvent voter pour les élections générales, ainsi qu'à toutes les autres élections. Ainsi, un Fidjien, un Ghanéen ou un Canadien dûment enregistré sur les listes électorales pourra glisser son bulletin dans l'urne le 7 mai. En revanche, un Français de Londres ou un
Britannique habitant Jersey ne pourront pas voter, l'un parce qu'il n'est pas ressortissant d'un pays du Commonwealth, l'autre parce que les îles Anglo-Normandes ne font pas parti du Royaume-Uni. Environ un million d'électeurs appelés aux urnes sont des non-Britanniques.
Comment vote-t-on ?
Là aussi, on observe de grandes différences avec
la France (on pourrait même dire avec l’ensemble de l’Europe). Le vote a
toujours lieu un jeudi, donc si vous travaillez ce jour-là il vous faudra aller voter avant ou
après votre journée de travail. Un mois avant la date, vous recevez chez vous
une poll card vous indiquant
l’emplacement de votre bureau de vote, mais vous n’en avez pas besoin pour
voter. Arrivé au bureau de vote, on vous demande seulement votre nom et votre
adresse. Pour voter, vous allez dans un « isoloir » dépourvu de
rideau et vous faites une croix sur le bulletin de vote. Il n’y a pas
d’enveloppe pour le mettre dedans, il vous faut plier le bulletin si
vous voulez cacher votre choix. Ensuite, vous placez le bulletin dans une
urne transparente… ou totalement opaque selon les bureaux, car il n'y a pas de normes pour les urnes au Royaeume-Uni. Le soir, à la
fermeture des bureaux de vote, vous vous installez devant votre téléviseur pour
la « soirée électorale »… animée essentiellement par des journalistes
et des « experts » car il n’y pas de débat entre dirigeants
politiques et les résultats sont connus au milieu voire à la fin de la nuit, le
temps de dépouiller les bulletins, les sondages sortie des urnes étant peu répandus ou fiables.
Elections 2015: quelles sont les forces en présence ?
Le système parlementaire britannique connaît de
profonds changements depuis le début de la décennie.
D’une part, les élections de 2010 ont mis fin au bipartisme historique entre Conservateurs et Travaillistes, avec l’émergence d’une troisième force, les Libéraux-Démocrates, devenus le junior partner de la coalition formée avec les Conservateurs. Il semble que le mode de gouvernement par coalition, autrefois impensable en raison du bipartisme de la vie politique, fasse désormais partie du paysage politique britannique avec la montée en puissance de nouveaux partis, notamment les eurosceptiques de UKIP et les nationalistes écossais du SNP, qui disputent au Lib-Dem le rôle de troisième force politique du pays.
D’autre part, le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse perdu par les nationalistes en septembre dernier a laissé des traces. Loin de s’avouer vaincus malgré les 55% obtenus par le « non », les nationalistes du SNP font pression sur Westminster pour obtenir davantage de droits (nous reviendrons dans un prochain billet sur les privilèges surprenants dont bénéficient les Ecossais). La nouvelle dirigeante du SNP, Nicola Sturgeon, a acquis la réputation d’une femme politique impitoyable, dont la ligne politique pourrait se résumer par « toujours plus » : plus de transferts financiers en faveur de l’Ecosse, plus de pouvoir politique pour le parlement écossais, plus d’influence au sein de l’union (elle réclame par exemple l’arrêt du dispositif de dissuasion nucléaire Trident). Le but du SNP demeure clair : la séparation pure et simple de l’Ecosse d’avec le Royaume-Uni, et l’intention d’organiser un nouveau référendum dans les prochaines années.
D’une part, les élections de 2010 ont mis fin au bipartisme historique entre Conservateurs et Travaillistes, avec l’émergence d’une troisième force, les Libéraux-Démocrates, devenus le junior partner de la coalition formée avec les Conservateurs. Il semble que le mode de gouvernement par coalition, autrefois impensable en raison du bipartisme de la vie politique, fasse désormais partie du paysage politique britannique avec la montée en puissance de nouveaux partis, notamment les eurosceptiques de UKIP et les nationalistes écossais du SNP, qui disputent au Lib-Dem le rôle de troisième force politique du pays.
D’autre part, le référendum sur l’indépendance de l’Ecosse perdu par les nationalistes en septembre dernier a laissé des traces. Loin de s’avouer vaincus malgré les 55% obtenus par le « non », les nationalistes du SNP font pression sur Westminster pour obtenir davantage de droits (nous reviendrons dans un prochain billet sur les privilèges surprenants dont bénéficient les Ecossais). La nouvelle dirigeante du SNP, Nicola Sturgeon, a acquis la réputation d’une femme politique impitoyable, dont la ligne politique pourrait se résumer par « toujours plus » : plus de transferts financiers en faveur de l’Ecosse, plus de pouvoir politique pour le parlement écossais, plus d’influence au sein de l’union (elle réclame par exemple l’arrêt du dispositif de dissuasion nucléaire Trident). Le but du SNP demeure clair : la séparation pure et simple de l’Ecosse d’avec le Royaume-Uni, et l’intention d’organiser un nouveau référendum dans les prochaines années.
La fin du bipartisme place potentiellement les
« petits partis » (principalement les Lib-Dem, UKIP, SNP, dans une
moindre mesure les Verts et le DUP nord-irlandais) dans un rôle d’arbitre, avec
pour certains la possibilité de former la prochaine coalition au pouvoir. On
peut ainsi envisager une coalition entre les Travaillistes et le SNP, entre les
Conservateurs avec UKIP ou entre l’un ou l’autre des deux grands partis avec
les Lib-Dem. L’un des arguments des Conservateurs à l’encontre des
Travaillistes est qu’une majorité travailliste serait contrainte de faire
alliance avec le SNP (dont les sondages prévoient un triomphe en Ecosse) pour
former une majorité, et serait ainsi otage d’un parti dont la mission est à
court terme de « siphonner » la riche Angleterre et à moyen terme de
briser l’Union. Un scrutin à enjeux donc.
Rendez-vous au lendemain du 7 mai pour commenter les résultats des élections!